Bébé remet en cause tes principes: L’allaitement
Lorsque je suis tombée enceinte de chatchou, j’étais persuadée d’une chose: j’avais envie de l’allaiter. Pour moi, l’allaitement maternel est un acte si magique et naturel, probablement une des plus belle chose de la maternité. Je savais, par les lectures, les témoignages et les divers partages autour de moi que ce n’étais jamais simple, mais bien sûre, j’étais persuadée comme beaucoup d’autres, que j’y arriverais mieux, plus facilement… Oui, même après plus de 15 ans de travail sur soi, l’égo peut ressurgir de temps à autre.
Lors de la naissance de Malwë, les sages femmes me l’ont posé directement sur le ventre pour lui permettre de ramper vers la tétée d’accueil. Et il faut dire que monsieur avait faim, alors il ne s’est pas fait prier. Ce sentiment si particulier du début de l’allaitement: mélange de pic hormonal, de concrétisation de tout ce que je m’étais imaginée, et la petite douleur des débuts. Jour après jour, j’ai appris à le manipuler, à trouver quelques positions pour que tout se passe au mieux. J’ai appris à serrer des dents aussi lorsqu’à chaque tétée, la douleur sur les tétons et celle des tranchées se mêlaient à la fatigue post partum plus de 10 fois par jour. Mais, persuadée que c’était la meilleure chose pour mon enfant, j’ai persévéré. J’ai utilisé des crèmes à base de lanoline, puis les coquillages d’allaitement pour apaiser mon corps (et merci à eux car ils m’ont évité bien des maux)!
Puis au bout de quelques jours, les choses ont commencé à se corser lorsque Malwë a commencé à bouder le sein droit. En effet, j’ai compris que très tard ce qui s’est passé: mon tétons sur ce sein est très (trop) petit pour bébé qui n’arrive pas à le prendre et à chaque pic de croissance, il n’était donc pas assez rapide pour lui. Nous avons essayé divers positions, été deux fois chez l’ostéo, fait vérifier les freins de langue, mais bébé s’énervait et finissait sur le sein gauche. Première inquiétude, première déception. Puis, au bout de 3 semaines, son RGO s’est déclenché. Et là, quelle douleur de maman de voir son fils se jeter en arrière lors des tétées, bouder le sein lorsqu’il l’a en bouche et le réclamer pour autant 10 min après. L’impression d’être complètement impuissante et renvoyée de mon rôle principal: celui de ne pas réussir à nourrir correctement mon enfant grâce à l’allaitement. La courbe de poids a commencé à chuter, et l’état de bébé à empirer. J’ai donc consulté deux conseillères en lactation, sans succès: il faut traiter le RGO. Rendez-vous donc chez le pédiatre qui nous donne LE conseil qui a pu soulager chatchou: l’espacement des repas. Oui, j’étais plutôt pour les tétées à la demande, mais dans le cas d’un RGO, bébé a mal à la gorge à cause de l’acidité. Alors il boit pour se soulager, mais cela lui déclenche des reflux rapidement et cela se transforme en cercle vicieux. Au début, cela a été atroce de voir son bébé pleurer parce qu’il voulait le sein, et d’essayer de le faire patienter. Mais très rapidement il n’a plus pleuré toute la journée, car il n’avait plus mal. Nous avons commencé à retrouver un bébé plus joyeux, plus serein et surtout, des tétées un peu plus calmes et douces.
Seulement, boudant toujours le sein droit (qui commençait sérieusement à se tarir, malgré les essais infructueux de tirage de lait dont je vous parle un peu plus loin), bébé perd toujours du poids. C’est un petit bébé très actif mais un constat s’impose: il ne mange pas assez. On essaye du coup de suppléer avec du lait infantile. Ne supportant pas tellement moi-même le lait de vache (ni les produits lactés issus d’animaux) et n’étant pas convaincue que le lait destiné à un autre animal puisse nous convenir, j’essaye de le passer en lait végétal infantile. Sans succès, bébé déteste et ne souhaite même pas boire. Nous l’avons goûté pour comprendre, je confirme, c’est immonde! Sauf que voilà, quoi faire? Bébé ne mange pas, refuse le lait, moi je n’arrive pas à tirer… La panique de ne pas réussir à sustenter mon enfant me submerge. La sensation ne pas être à la hauteur, et de ne pas être une « bonne » maman car je ne nourris pas mon enfant comme il faut m’envahie.
Les mois se suivent, sans que je ne trouve de réelles solutions, entêtée à continuer coûte que coûte cet allaitement chaotique. De plus, Malwë a toujours mangé de façon fractionnée. Jamais en grande quantité, mais souvent. Les tétées se sont donc continuées sur le même rythme: 1 tétée toutes les deux heures jour et nuit. Les 4 mois approchant, il était temps de préparer du lait d’avance pour aller chez la nounou. Oui mais voilà, même en essayant diverses machines avec diverses téterelles, pas moyen de réussir à tirer mon lait. J’ai même fait appel à Grandir Nature pour tenter les téterelles les plus petites, même constat: mes tétons sont beaucoup trop petits pour les machines. Légèrement têtue et prête à tout pour mon enfant je m’acharne et pendant plus d’un mois et demi, je fais tous mes tirages à la main. Avec ce stress de voir qu’au biberon chez la nounou, il boit 2 fois plus que ce que j’arrive à tirer. Même en le mettant au sein toute la soirée dès que je rentre, rien n’y fait. Il y a plus de demande que d’offre, je sens la fin pointer le bout de son nez.
Je suis triste de voir cet allaitement se terminer petit à petit, je ne réussis pas à m’y résoudre. J’aime ces moments de partage au sein. J’aime cette complicité, cette sensation de picotement dans mon corps. J’aime son regard plongé dans le mien, l’impression que le monde s’arrête autour. Et j’aime me dire que je lui donne le meilleur, convaincue aussi par les bienfaits réels du lait maternel. Mais mon petit chou ne grandit pas assez, ne grossit clairement pas et moi je m’épuise. Alors nous partons en quête d’un lait infantile qui lui soit compatible. Il y a un moment, je ne peux pas laisser mourir de faim mon enfant! Et puis nous trouvons un lait bio, au lait de chèvre, que bébé dévore au premier biberon. Un biberon plus ou moins compatible avec l’allaitement (même si je sais qu’il y a toujours un risque – en tout cas, le seul qu’il veuille bien) qui lui permet de s’alimenter. Car je ne désespère pas de réussir à relancer la machine pour pouvoir le nourrir exclusivement par la suite.
Parallèlement, nous commençons la diversification alimentaire car nous avons indubitablement un bébé curieux qui bave à chacun de nos repas, et qui est décidément prêt à commencer ses premières bouchées. C’est un succès, bébé prend beaucoup de plaisir à avaler ses repas. Mais la reprise du travail, la fatigue et le manque de stimulation en journée font que la fontaine se tarit petit à petit. Je le sens, je sais que les moments où je réussis à le caler avec mon lait sont de plus en plus rare. Jusqu’au jour de cette dernière tétée. C’est marrant, je devais le sentir car j’ai pris une photo, de ce dernier moment, lui et moi.
Lui va bien depuis. Ce sera jamais un gros poids lourd mais il suit sa courbe. Il est curieux, éveillé et tellement soulagé. Il mange à sa faim et nous avons opté pour le biberon à la demande, sans regarder les quantités, tout comme ses repas. Il a faim? On lui fait un gros bib. Il a pas faim? Et ben c’est pas grave. Il se dépense beaucoup et élimine tout autant. Mais c’est un bébé en pleine croissance qui ne manque de rien.
Moi par contre, c’est autre chose. Cette expérience est le premier pas du grand chamboulement qu’est la maternité. J’ai voulu, j’ai rêvé, j’ai cru et j’ai aimé m’imaginer que je serais de celles qui allaiterait 6 mois, 1 an, 2 ans… peu importe, du moment que ça nous plaise à tous les deux. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu et je le vis difficilement. Ce principe fondamental pour moi est remis en cause, et la chose que je retiens c’est que c’était pour lui, la meilleure solution. J’essaye de donner chaque biberon avec autant d’intensité. D’ailleurs c’est amusant mais lorsqu’il est contre moi et qu’il a faim, il se tourne vers le sein comme avant, c’est notre signal. Je lui donne toujours le biberon en position de la madone, comme avant. Et il me regarde et joue avec ses petites mains sur mon visage comme avant. Le portage m’a aussi permis de combler ce manque de maternage intensif lors de l’allaitement. Il me permet de garder mon petit chat aussi contre moi tout en continuant notre vie. Mais ça c’est une autre histoire.
Il m’a fait travailler, à trouver d’autres solutions, à revenir sur mes idées arrêtées. Il m’a fait revenir dans me retranchements pour trouver une solution adaptées et surtout, il m’a demandé à ce que l’on se fasse confiance, pour trouver ensemble LA solution qui peut lui convenir. Je suis bien sûre nostalgique de ce moment, mais c’est aussi et surtout à lui que je pense. Et lui va bien, alors je vais bien. Je grandis aussi à ses côtés.
Laissez un commentaire