Une checking day au Danau Batur
De bon matin, j’enfourche le scooter en direction du Danau Batur (le lac collé au Mont Batur), pour y découvrir cet autre aspect de la culture et de la géographie balinaise. En chemin, j’ai pour idée de m’arrêter au temple Goa Gajah et au temple Gunug Kawi, le plus vieux temple de Bali. Le programme sur papier semble être très attractif et je pars donc de bon pied. Arrivée au premier temple, je découvre un parking similaire à celui du Tanah Lot : grands (voire très grand même) et rempli de boutiques souvenirs prêtes à traquenarder le chaland. Les petites paroles dans ma tête ont vite fait de me convaincre (« ahh tu vas revoir des cars entiers de japonais qui s’arrêtent juste prendre tout en photo », « ahhh tu vas pas pouvoir te poser 5 minutes tellement il y a aura de monde », « ahhh tu vas devoir traverser cette marée humaine de commerçant t’interpellant tous 2 mètres ») et je décide donc de continuer mon chemin sans même tenter l’expérience.
Comme j’ai pris une puce indonésienne je bénéficie du gps par google maps et me laisse donc guider pour le second temple. Google décide de m’emmener au bout d’une petite route d’un petit village où un groupe d’Indonésien m’interpelle tout de suite pour me demander ce que je fais là. Naïve, je me dis qu’ils souhaitent simplement m’aider et leur expose mon envie de me rendre à Gunung Kawi. Un homme, Nyoman Pada, se détache alors du groupe pour me dire qu’il se situe un peu plus loin dans les rizières mais qu’il faut prendre une petite route. Gentil (et très intéressé), il se propose de m’emmener. Me voici donc partie avec lui (en considérant déjà que je vais devoir payer ce service plus tard) pour une traversée de plus de 30 min à travers les rizières et la jungle ! Sauf que je n’avais pas prévu de marcher autant et surtout dans ces conditions. Donc voilà, le treck à travers la jungle en tongs, check !
Une fois arrivée en bas, je suis devancée par un groupe multiculturel et mystique en mal d’expériences new âges (avec des fleurs de lotus tatouées, un sourire calme et bienheureux et cet air supérieur en vous regardant pour vous signifier simplement que EUX ont découvert le sens de la vie et pas vous) précédé par leur gourou, homme d’une soixantaine d’années qui avance sans même les regarder, pieds nus et une barbe blanche de 3 km. J’ai rien contre eux (si ce n’est leur regard supérieur) mais c’est de les imaginer payer cette semaine expérimentale 3000 euros pour aller prier 5 min (je vous jure j’ai compté) dans une grotte cachée du temple avant de repartir probablement pour une cours de yoga organisé et une séance de danse spirituelle. Et une semaine plus tard, rentrer en France et rependre ses vilaines habitudes en soutenant qu’à Ubud, ils ont trouvé le sens de leur vie Fin bref, c’était pas le sujet initial.
Donc je reprends, me voici arrivée dans ce temple à la sueur de mon front et la couleur de mes pieds (devenus avec cette descente d’une belle couleur marron-boue) pour m’apercevoir qu’une fois de plus je suis entourée, voire enveloppée par les autres touristes (les mêmes qu’hier, qu’avant-hier et qu’avant avant-hier…). Je décide de foutre le camp et d’éviter à l’avenir les temples recensés dans une carte ou sur trip advisor. Je demande donc à mon guide de repartir et il m’explique qu’il faut reprendre la même route qu’à l’aller. Ah non, mes pieds et mes jambes ne voudront jamais (deux sangsues, 5 moustiques, une cheville en vrac…) et lui demande s’il y a une autre solution. Au prix d’efforts et de négociation il propose de me récupérer en haut pour me ramener au scooter. Comme je suis accompagnée et qu’il n’a qu’un seul scooter, nous voici donc en route pour 10 minutes de scooter à 3 sans casque et derrière un Indonésien : check !
Nous finissons par le remercier car cet incident de compréhension n’était clairement pas de sa faute et finalement, nos au revoir sont chaleureux. Il me propose même de nous inviter directement chez lui la prochaine fois que je reviens. :-)
Comme la matinée des temples est un échec, je décide de filer jusqu’à la future destination sans m’arrêter. En chemin, je suis doublée par une voiture qui me demande de m’arrêter sur le bord de la route. Intriguée (et manifestement pas encore assez blasée), je m’arrête juste à côté de lui. Il me dit alors que plus loin sur cette route, à environ 5km il y a un barrage de police qui contrôle les conducteurs et plus particulièrement les touristes, mais qu’il connaît un moyen de le contourner et qu’il faut pour ça simplement que je le suive. J’avais déjà lu sur plusieurs blogs que c’était déjà arrivé à d’autres touristes à l’approche du Mont Batur de se faire contrôler et de devoir payer un pot de vin aux flics). Mon 6ème sens met alors tous mes radars en alerte, et face à cette tonne de gyrophares qui se mettent en route ma tête semble se décomposer car il me lance « je ne suis pas un charlatan, je ne suis pas un guide non plus, je suis un restaurateur et j’habite dans le coin, c’est juste pour vous aider et je ne vous demande pas d’argent ». Je vous imagine bien devant votre écran vous dire que ça pue le vieux plan pourri à plein nez, mais non, dans l’ambiance j’ai rien senti. Et même sa tête de mafieux à deux balles ne m’a pas alertée (enfin disons que ma naïveté a probablement bien réussi à étouffer tous les signaux d’alertes que je sais décoder la plupart du temps). Ben donc voilà, je le suis, à travers des routes annexes, jusqu’à un parking de restaurant. Effectivement, pas de flics en vue tout le long de cette route, et lorsque je le vois descendre de sa voiture, je m’arrête le temps de le remercier. Mais c’est là qu’il me dit (avec beaucoup, mais alors beaucoup d’insistance !), que je n’ai qu’à m’arrêter manger chez lui et admirer la vue. Ahhh mais d’accord, il est là le piège. Je réponds donc que non, je n’ai pas du tout faim et lui insiste en me disant que ce n’est pas grave, il a aussi des choses à boire. Oui ben je m’en doutais un peu unh ^^. Je refuse poliment, le remercie une énième fois, il insiste encore et devant ma tête déterminée (celle avec des grands yeux bien appuyés qui ne laisse aucunes places aux doutes), il fini par se casser en me tirant la tronche. Voilà, vivre un rabattage de plus de 10 km par Indonésien : check.
Mais la journée n’est pas finie, non non non, ça serait bien trop simple ! Je persiste et continue à descendre la route pour passer autour du lac. Comme je sais que le côté gauche est plus touristique, je décide d’aller me perdre vers la droite et continue cette route plutôt paisible. Pour le coup, je trouve un tout petit temple abandonné, sans personne et savoure cette quiétude et cette instant un peu à part. Les paysages sont splendides et les gens sont partagés entre la méfiance et les sourires, ce qui prouve qu’ici, ils n’ont pas tant l’habitude que ça. Le temps passé à toutes ces choses ce matin m’a un peu retardée et c’est difficilement que je tombe sur quelque chose censé ressembler à un restaurant. L’endroit semble désert à l’exception de deux enfants qui accourent chercher leurs parents lorsqu’ils m’aperçoivent. Je demande alors timidement s’il est possible de manger et avec un grand sourire, ils m’invitent à rentrer. L’endroit est un peu archaïque, comme s’il était abandonné depuis quelques temps. Des cales permettent de tenir les portes et les vitres et les mouches ont envahie les lieux. Un peu intimidée, la patronne me propose tout de même leur spécialité : un poisson frais pêché du lac. J’accepte avec plaisir, et en salive d’avance et j’attends donc ce plat avec impatience….qui s’est très vite transformée en patience, car étant seule, j’ai dû leur faire ouvrir la cuisine et tout préparer. Mais comme il y a une règle en Indonésie, c’est de ne jamais dire non à un business, ils n’ont pas refusé mon offre. 1h30 plus tard, me voici donc à déguster un bon poisson frais avec une sauce à tomber (à base d’oignon caramélisés et de sauce soja, miam !) pour la modique somme de 65000 Rp (en fait, pas modique du tout pour le coin, mais je pense surtout à un bon prix boulet). Impossible de négocier, le mec me fait même le coup de « j’ai plus de monnaie ». Pas la peine de m’énerver, je sais qu’ils gagneront à ce jeu-là, ils sont bien plus patients que moi. Du coup, se faire prendre pour une pigeonne perdue au fond de la cambrousse : Check.
Après cette journée affreuse, je décide de rentrer et de dîner heureusement sur Ubud, dans un lieu que je connais et qui sauvera cette journée : le Melting Wok (dont je vous parle dans un autre article). Les échanges avec Géraldine et les sourires des serveuses redoreront ce checking day ! Fin de mon séjour à Ubud, prochaine expédition : Tulamben et ses premières plongées.
Laissez un commentaire