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Covid-19, positionnement et questionnements

L’allocution au sujet des nouvelles mesures sur le Covid-19 du président de mercredi soir est passée et elle me reste en tête. Toutes ces phrases échangées, le ton utilisé, les droits bafoués. Je n’avais pas tellement envie de me positionner sur ce sujet, préférant laisser chacun libre d’exprimer et de penser ce qu’il souhaite. Pendant ce temps, je faisais mon petit bonhomme de chemin en écoutant les actualités, en lisant des articles scientifiques sur le sujet, et en essayant de mener ma propre vie au milieu de tout ça. Mais là j’avoue, la moutarde me monte au nez et je ne sais plus comment me positionner.

Je vois au niveau du cabinet que cela vous rend mal aussi. Les demandes à cette période de l’année n’ont jamais été aussi lourdes, graves et déprimantes que depuis le COVID-19. Ou plutôt devrais-je dire « La »  Covid-19. N’avez-vous pas remarqué que cette nouvelle épidémie ramène le féminin au coeur du problème? Je trouve ça profondément décevant, à l’approche de 2021 que nous en soyons encore là, puisque telles sont les actualités qui se font occulter par cette maladie, mais c’est une autre question. Encore que… non finalement je ne trouve pas. Tout est ramené à ce virus, mortel certes, mais qui au nom de cette maladie, bafoue nos libertés, nos moments partagés, notre vie finalement. Quel est le plus mortel des deux à long terme?

Tout a commencé par un confinement, décidé bien trop tard, alors que 15 jours avant le président faisait le mariole avec sa femme au théâtre en disant que ce virus « n’allait pas nous empêcher de vivre ». 15 jours après, la France est à l’arrêt. Je n’ai pas mal vécu ce confinement, me disant que c’était probablement la meilleure chose à faire étant donné le contexte, et puis, étant jeune maman, ce fut une aubaine pour moi que de profiter pleinement de mon chéri et mon bébé à la maison.

Covid-19, Positionnement Et Questionnements

Déconfinement, brutal. Bien trop brutal pour la plupart des gens. Je pensais naïvement que toutes les bonnes leçons que les gens avaient apprises du confinement (la lenteur, le silence, le fait de revenir sur des vraies valeurs) allaient perdurer, et que cela serait cette prise de conscience qui allait sauver l’humanité que personnellement j’attends depuis des années. Au lieu de cela elle a été celle de la course à l’argent perdu et du capitalisme. Soit. Le virus est donc revenu, plus fort, différent et surtout plus du tout tel qu’il est testé, soigné aujourd’hui. Il a muté, mais une fois de plus l’être humain n’a pas suivi.

Nous avons juste cherché à reprendre l’économie d’avant. À la bouche de tout homme politique, il n’y a que ça qui est intéressant. La chute économique nous a entraîné vers le bas, il est important que nous nous serrions les coudes pour remonter. Et du coup, au lieu d’envisager un reconfinement, nous préférons envisager de supprimer les moments de liberté communes, les instants en famille, le partage, l’amour et tout ce qui fait que l’homme tient, et non l’économie et l’argent. Ce n’est pas ça qui nourrit, qui maintient en vie l’être humain. Ce sont les moments de câlin, de rires, de souvenirs communs échangés.

Sous couvert d’un méchant et vilain virus que personne n’arrive à maîtriser, ils nous coupent toutes les libertés. Nous sommes simplement revenus au slogan « Travail, famille, patrie ». Avez-vous remarqué à quel point ce sujet divise des familles, des gens? Il y a les pro-masques, ceux qui suivent et qui ont peur pour eux, pour leur vie et leur entourage. Il y a les contre qui prônent le complot et refusent de croire en l’existence même de ce virus. Et puis il y a ceux du milieu, qui font ce qu’ils peuvent pour essayer de vivre dans tout ça, milieu dont je fais partie. Je comprends le besoin d’en mettre, encore que… Je ne comprends pas qu’on en fasse plus un soucis que la grippe ou le VIH, voire même le cancer qui pour moi est le mal du siècle. Pourrions-nous parler aussi des milliers de mort de l’alcool ou du tabac que l’on a jamais retiré de la vente (ça serait dommage de priver de se revenu là à l’état non?). Je ne comprends pas qu’on essaye de sauver les meubles du soin en France en limitant nos déplacements et qu’on ne prenne pas le problème à la source en réinjectant surtout de l’argent dans le système de santé qui se plaint depuis des années? N’y voyez-vous pas un gros soucis dans la réflexion? Pourquoi l’appât du gain est-il toujours le moteur, au péril même de nos propres vies?

Je vois vos réactions et je souffre tout autant que vous. Je vous vois arriver dans le cabinet avec le masque, et vivre la séance difficilement car vous avez envie de pleurer, de sourire, de rire, de partager mais que cette « barrière » vous empêche d’être vous-même, de vous exprimer. Je vous vois en stage être « bloqué » par les gestes barrières là où milles mots ne remplaceront jamais un câlin, une caresse, un sourire. Je vous entends lorsque vous me dites que vous avez peur et que vous vous sentez seul. Au cabinet, je n’ai pas d’appels et de prise en charge de personnes en deuil ayant perdu un être cher par la COVID-19;

  • j’ai des personnes tristes de ne pouvoir serrer quelqu’un dans leur bras
  • j’ai des gens en colère qui se déchirent avec leur entourage par un défaut de masques
  • j’ai des gens anxieux de savoir ce que vont devenir leur vie, leurs fêtes de fin d’année et tous les évènements marquants (mariage, baptêmes…)
  • j’ai des gens qui truandent en venant sans le masque, et d’autres qui me supplient de les enlever lorsqu’une émotion les submergent et qu’ils suffoquent sous ce bout de tissu
  • j’ai des enfants qui ne comprennent pas leur parent, les adultes par manque d’informations sur leurs expressions cachées
  •  j’ai des gens esseulés qui ne peuvent plus voir leurs enfants, leurs petits enfants à l’étranger et qui ne peuvent leur rendre visite
  • j’ai des gens à bout de nerfs, des personnes du monde hospitalier qui réclament qu’on les écoute.

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Et j’ai moi, avec ma conscience, mes propos histoires ma déchirure intérieure. Faire comme bon leur semble ou faire comme bon me semble. Quel monde vais-je léguer à mon enfant? Comment lui apprendre le plaisir des autres lorsque les autres sont cachés, éloignés et masqués? Comment faire le tri entre les personnes du cercle proche et d’autres non à qui l’on fait un câlin ou que l’on garde à distance? Comment mener un accompagnement si je ne peux ni vous approcher, ni vous toucher sans me laver 10 000 fois les mains, ni parfois même vous serrer dans mes bras lorsque le stage a été puissant et qu’il n’y a que ce geste possible?

Je suis là, j’observe, j’essaye, j’écoute, je regarde et contemple le cheminement de chacun sans forcément réussir à trouver le mien. Je suis là, un peu prostrée au milieu, à me demander où le monde va et quel sera la prochaine étape avant qu’il ne se réveille pour reprendre le pouvoir et réclamer la liberté? Celle de l’être humain, celle que vous réclamez tous d’une façon ou d’une autre au bout de la séance: celle d’être aimé et de le sentir. Comment le sentir avec un masque à 2 mètres de distance?

Je crois que cet article part dans tous les sens mais j’avais besoin de le poser afin de déposer aussi et d’alléger mon coeur. Je m’en vais donc récupérer mon fils à cette fin de journée, et m’apprêter à vivre un weekend isolée, où je donnerais et prendrais des nouvelles des gens que j’aime à travers un écran, tel un épisode de Black Mirror.

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Commentaires
  1. NADINE

    Bonjour Audrey
    le texte que tu as écrit me parle à 200 %. Comme toi, je suis dans l’incompréhension totale … Nous avons côtoyé 3 fois le virus à la maison (ma fille et mon fils avec récidive) et ce que j’ai retenu, c’est que ce virus nous a surtout divisé et réveillé de vielles peurs. Il n’y a que la force de l’amour qui nous permet de dépasser ce phénomène très anxiogène. Mais tout le monde n’a pas la chance d’être au sein d’une famille unie … J’ai appris par un astrologue que le monde serait meilleur à partir du 21 décembre et seule cette perspective me donne de l’espoir.
    Merci encore une fois pour la justesse de tes mots et je te souhaite plein de belles choses en famille. Nadine

  2. Audebert

    Bonjour Audrey,

    Vendredi en sortant de ton cabinet je suis allée au Mont St Michel faire une petite visite le masque obligatoire soit mais j’avais oublié que cela montait dur pour aller à l’abbaye et avec le masque plus difficile donc je l’ai retiré et ai fini la visite sans …J’ai écouté mes besoins notamment mon besoin d’oxygène dans l’effort.
    Le lendemain je décide d’aller prendre un petit déjeuner en ville dans une crëperie, il était 10h30 , j’ai le masque , le patron fort sympa me tend le gel et me demande d’inscrire nom, prénom et adresse, téléphone…là gentiment j’ai refusé lui surpris me dit qu’il ne pourra me servir( je signale au passage que je suis la seule cliente) je suis donc partir.

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