Je suis “Hyperefficiente”, “surdouée”, “zèbre”, “haut potentiel”… autant de “gros” mots pour désigner une personne un peu à part
Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours eu la sensation d’être un peu “à part”. Hors norme, pas dans le moule. Mes parents ne cessaient de me rappeler que j’en faisais “trop”, que je réfléchissais “trop”… En gros, pendant plus de 30 ans, on m’a qualifié de chieuse. Pis il y a 5 ans, j’ai eu un terme qui a été posé, par un psychiatre, sur ce que j’étais : hyperefficience. Et comme toute bonne hyperefficiente qui se respecte, j’ai potassé, décortiqué, lu écouté, tout sur le sujet afin de comprendre au mieux ce diagnostique si particulier. De tous les termes que l’on met sur cette particularité psychologique, je préfère celui d’hyperefficiente. Car, comme je te l’explique après nous sommes “hyper” en tout en fait !
D’avance, je ne sais pas si le diagnostique m’a aidé. Je pense que cela m’a permis de comprendre que je fonctionnais comme déjà près de 20% de la population (ce qui faisait potentiellement deux personnes sur 10 dans mon entourage capables de me comprendre et avec qui je pourrais avoir des atomes crochus), mais je pense surtout que ça a aidé mon entourage à comprendre que je ne fais pas exprès d’être “chieuse” selon leurs dires. Ça a aidé aussi mon compagnon, surtout, à comprendre certaines de mes réactions et potentiellement les anticiper. Je n’ai pas pour vocation de vous faire un article sur ce qu’est objectivement être hyperfficiente. De nombreux ouvrages ont été édités sur le sujet (certains bien, d’autres non ⇒ mon préféré reste de loin “Je pense trop” de Mme Petitcollin), mais bien de te faire comprendre que même si ces termes paraissent “en vogue” (tout comme ne pas manger de gluten ou être vegan), la réalité est tout autre lorsqu’on le vit de l’intérieur.
En premier lieu, il y a l’hyperesthésie
L’hyperesthésie est pour moi ce qui est en premier lieu le plus dur à vivre au quotidien. Sous ce terme sauvage, se cache une chose assez simple à définir, beaucoup moins à comprendre lorsqu’on ne le vit pas au quotidien : mon cerveau enregistre chaque information provenant de mes 5 sens avec beaucoup plus d’intensité que la moyenne. La lumière est soudain beaucoup plus vive pour moi, les sons même les plus petits ont tendance à très vite m’agacer (yolo la séance de cinéma gâchée, car il y avait probablement un truc coincé dans leur ventilateur qui m’a parasitée.). De toute façon, le cinéma est souvent trop dur à vivre pour moi : le son trop fort, une lumière trop vive… C’est usant au quotidien. Lorsque je fais une sortie dans le centre-ville pour aller acheter un cadeau par exemple ; le simple fait de prendre le métro, de supporter ce bruit, puis le bus, puis les gens dans la rue, les sirènes, les devantures de magasins, les vendeurs, les odeurs de bougies, les gens qui parlent autour… Aujourd’hui, avec des années de thérapies, je suis capable de le supporter, mais clairement, il me faut des heures ensuite pour m’en remettre.
Le fonctionnement cérébral en arborescence
Le deuxième point le plus compliqué à vivre (même si contrairement au premier, j’ai appris à le dompter depuis des années et à le voir aussi comme une véritable force): c’est ma pensée en arborescence. 80% (dans les derniers chiffres qui sont sortis) de la population est qualifiée de “normaux-pensante”. C’est-à-dire que la plupart des gens prennent un problème, puis un autre, et ainsi de suite, de façon linéaire. Moi, j’étudie toutes les configurations possibles, dans toutes les directions avant de prendre une décision. Pour moi, même si c’est fatiguant, car je pense tout le temps, c’est super pratique : ça me fait gagner du temps dans le concret et j’ai très peu de situations “d’échec “, car j’ai déjà tout anticipé. Sauf que le plus dur à vivre, c’est face à un entourage qui ne fonctionne pas pareil. Et ça, ça prend du temps pour comprendre comment chacun fonctionne. Imagine la situation suivante : tu es en fin de semaine, tu vas vouloir faire les courses en sortant du travail, juste pour voir ce que tu vas manger. Et la personne qui vit à tes côtés t’arrête en te sortant : “le trafic routier risque de te ralentir si tu t’arrêtes à tel endroit, le manque de temps qui entraînera un manque de cuisson de tes aliments, et le petit qui s’impatientera car “tu avais oublié ? C’est le jour où il a piscine et il a faim très tôt”. De toute façon, laisse tomber, je sais à l’avance tout ce qui est susceptible de t’arriver, car j’ai déjà tout calculé. Frustrant non ? Tu as la sensation que tu n’arriveras jamais à penser plus rapidement ? Tu te sens rabaissé alors que tu n’as rien demandé ? Tu te dis “mais de quoi elle se mêle celle-là, elle ne peut pas me laisser tranquille” ? Tu as envie d’avoir ton libre-arbitre ? C’est pour cela que je donne tout mon respect à mon compagnon avec qui nous travaillons cela pour nous entendre et évoluer au mieux ensemble. Sauf que tu te dis “eh, mais ça doit être super pratique dans la vie, de penser plus rapidement et dans toutes les directions ?“. He oui, mais tu oublies que :
- Mon cerveau ne se pose jamais.
- Je sais souvent mieux à l’avance que les autres, mais les autres ne me croient pas (coucou syndrome de Cassandre) car ils ont besoin aussi de faire leurs propres expériences, à leur vitesse.
- Il y a un moment où la machine dit stop. Et tel le lapin dans une célèbre pub pour des piles, je m’éteins parfois d’un coup. Plus de jus. Lorsque je tombe, je fais du off complet. Plus rien (pendant peu de temps, car nous avons une capacité de récupération très efficace), mais d’un coup quand même. Quand je te dis qu’on est juste “hyper” dans tout. Et bien d’un coup c’est “hyper fatiguée”.
Je suis hyperefficiente donc … hypersensible!
Forcément, sans une bonne boîte à mouchoirs émotionnelle qui vient rajouter une petite (toute petite) couche au terrain déjà bien fertile du pétage de plomb, on s’ennuierait ! (Non ? Ah oui, toi aussi, tu penses ça ?). Donc à moi les pleurs devant un animal en dessin animé qui se blesse, à moi la colère disproportionnée parce que juste, je viens de casser la boucle de mon sac. À moi le dégoût d’un parfum que je ressens à 200m de moi, ou voire la peur d’un truc tout pourri (je n’ai même pas d’exemple à citer.). Par contre, force est de constater que quand je suis heureuse, je le vis aussi puissance 1000. Il faut bien que ça ait ses avantages !
L’hyperactivité
As-tu déjà vu une petite bombe d’énergie, capable d’aller soulever des poids à la salle, grimper deux heures d’escalade après avoir posé du papier peint toute la journée ? Cette petite boule d’activité qui ne reste pas en place ? Ce petit tourbillon qui a toujours besoin d’être en action ? Je te saoule à faire de l’air autour de toi, car je n’arrive pas à me poser ? Ouiiii, je sais. Et c’est valable pour l’activité physique (qui est une nécessite pour moi sous peine d’explosion), mais c’est aussi valable dans les grandes lignes de ma vie. J’ai besoin de challenges, de buts, j’ai besoin que ça bouge, vite, que ça change. J’ai besoin de me sentir vivante en somme !
Après, en vrac dans les trucs qui me caractérise en tant qu’ hyperefficiente
- J’ai une créativité débordante. J’adore m’essayer à de nouvelles choses, la cuisine, la peinture, le tricot, la danse, le dessin, la déco. J’ai besoin de créer de nouvelles choses, tout le temps.
- J’ai une imagination sans limite, dans le positif comme dans le négatif. Je peux vivre dans ma tête juste avec les films que je me fais.
- Je suis curieuse de tout. J’ai une soif d’apprendre sans limite. J’ai toujours dit que mon plus grand rêve si je gagnais au loto, serait de reprendre mes études toute ma vie pour juste apprendre. J’aime apprendre de la vie, j’aime lire, dans tous les sujets, je me nourris de podcasts à longueur de temps, et j’aime apprendre des gens.
- Je remets les choses, les gens et surtout l’autorité en question. Je déteste qu’on m’impose un point de vue sans m’expliquer le pourquoi. Alors dans ma pensée en arborescence, je prends, je regarde, je décortique pour remettre en question si besoin.
- Enfin, être hyperefficiente c’est être perfectionniste, à l’extrême. Du coup, je doute tout le temps, je me remets en question sans cesse, pour atteindre le meilleur. Et bien sûr, je déteste l’échec.
Est-ce que l’hyper-efficience “se soigne” ?
Je t’arrête tout de suite. Être hyperefficiente n’est pas une maladie. C’est une particularité d’esprit de naissance, comme quelqu’un naît brun ou grand. Tu ne peux rien changer à ce mode de fonctionnement, par contre, tu peux apprendre à vivre avec pour t’intégrer dans la société. Et c’est ce que je fais depuis des années. Avec plus ou moins de succès. Plus le temps passe, mieux je me connais et j’apprends à connaître les situations anxiogènes ou trop fatigantes pour moi. C’est pour cela que je suis incapable aujourd’hui de reprendre un boulot salarié, de faire une semaine de camping sauvage avec des copains, ou de me retrouver dans une soirée en boîte de nuit. Toutes ces situations sont inenvisageables pour moi. Mais je sais aussi mieux canaliser mes émotions, avec le sport notamment et la méditation. Ainsi, je ne déclenche quasiment plus du tout de crises d’angoisse et globalement, je ne me mets plus dans des états pas possibles comme j’ai pu le faire plus jeune. J’ai aussi appris à voir le positif dans tout cela. Je suis capable de relever de nombreux challenges, de créer des nouvelles choses, des idées nouvelles. Je vis très intensément ma maternité et j’apprends aussi à apprécier de plus en plus , d’être seule avec moi-même.
Est-ce que mon métier de praticienne et formatrice dans l’énergétique a un impact sur mon hyperefficience ?
Oui et non. Oui dans le sens où comme c’est un métier passion, être hyperefficiente me procure la curiosité qui va me pousser à chercher et à donner le meilleur. Mais c’est un métier qui demande beaucoup d’énergie et beaucoup d’adaptation aux autres et aux situations, et plus j’évolue, et plus je me rends compte de l’importance pour moi de trouver des situations qui me font du bien et de ne pas travailler trop pour ne pas me faire envahir.
Alors si toi aussi, tu es ou tu penses être dans ce cas de figure là, n’hésites pas à me partager ton parcours, j’en serais ravie.
Prends bien soin de toi.
Une petite HP au pays des chieuses
Ah ah ! Je me reconnais bien là. Vos articles sont généralement peu voire pas commentés du tout. C’est dommage parce qu’ils sont très précieux. Un grand merci pour toute la belle énergie que vous transmettez :)
Bien à vous